(le 21 septembre 2013, une centaine de collaborateurs de LOKARRI se sont réunis à Saint Sébastien afin d’analyser l’actualité du processus de paix et construire de nouvelles initiatives autour de la paix et la coexistence)
Le Forum social organisé les 14 et 15 Mars 2013 à Pampelune et Bilbao, pour favoriser le processus de Paix au Pays Basque, a été un succès et a donné lieu à douze recommandations présentées le 27 mai 2013 par LOKARRI, réseau citoyen qui oeuvre pour la paix, l’accord, la consultation et la réconciliation en Hegoalde et BAKE BIDEA, en Iparralde.
Le bulletin d’information publié au mois de Juin 2013 fait état de la progression et des futures perspectives, ainsi que des points de résistance à la résolution du conflit.
http://www.lokarri.org/files/File/PDF/Lokarris%20newsletter%20junio_2013_CAST.pdf
En voici un court exposé en français.
I. Droits de l’Homme
1. Cessation définitive de l’activité armée d’ETA: 20 octobre 2011
2. Les victimes
– Projet d’un Centre pour la Mémoire des victimes du terrorisme d’ETA
– Rapport recensant les atteintes aux droits de l’Homme dans le cas du Pays Basque depuis les années 60 en Euskadi et hors de ses frontières: assassinats perpétrés par ETA, mais également les abus policiers, les actions de contre-terrorisme illicites.
– Reconnaissance et réparation des victimes de la violence de la part de l’Etat, par l’élaboration d’une étude scientifique et indépendante sur des cas de tortures.
3. Situation des prisonniers
– Réaction du Collectif des Prisonniers Politiques Basques (EPPK) qui se dit prêt à prendre en compte certaines recommandations du Forum Social, mais revendique toujours, comme le collectif HERRIRA, les dispositions suivantes:
- Le regroupement des prisonniers politiques basques au Pays Basque, la fin de la dispersion et la reconnaissance des droits assemblés dans le Statut de Prisonnier Politique.
- La liberté pour les prisonniers qui ont fini leur peine de prison et de ceux qui sont en droit de bénéficier de la liberté conditionnelle.
- La liberté immédiate pour tous les prisonniers atteints de maladies très graves.
- La fin de l’isolement
- L’Amnistie pour les prisonniers politiques basques et le Droit à l’Autodétermination pour le Pays Basque.
(Bilbao le 23 août : manifestation du parti EH BILDU, dont l’une des revendications est l’auto-détermination du Pays Basque, son libre-arbitre pour résoudre le conflit et construire son avenir sur un modèle participatif et égalitaire).
Par ailleurs, le 15 juin dernier, à Biarritz, Le Collectif des exilés politiques basques s’est exprimé pour demander aux gouvernements espagnol et français d’entamer un dialogue direct avec eux, sans succès.
– Position des partis politiques sur une possible évolution de la politique pénitentiaire en lien avec les prisonniers malades ou « repentis ».
La majorité se dit prête à reconsidérer la politique pénitentiaire pour favoriser la passerelle vers l’insertion des prisonniers qui renonceraient à la violence, ainsi que l’accès à des dispositifs pour les personnes gravement malades.
L’association européenne des avocats ELDH (http://www.eldh.eu/) a publié une motion par différentes voies de communication afin de réclamer un certain nombre de dispositions qui font écho à la sentence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui a sanctionné l’Espagne le 10 juillet dernier, considérant la Doctrine Parot comme contraire à la convention des droits de l’Homme dans le cas d’Inés del Rio Prada.
http://www.eldh.eu/fileadmin/user_upload/ejdm/publications/2013/ehld_basqueprisoners_07_2013.pdf
Le maintien en détention d’Arnaldo Otegi, Rafa Díez y les trois autres condamnés dans le cas Bateragune est aussi vivement discuté et divise la société basque.
Ils sont condamnés à 10 ans de prison pour avoir voulu reconstituer le parti illégalisé Batasuna, ce que nient les intéressés, qui déclarent souhaiter s’investir dans le cadre d’une participation à un processus de résolution démocratique du conflit.
http://www.eitb.com/fr/infos/politique/detail/737863/bateragune–otegi-diez-condamnes-dix-ans-prison/
III. Réconciliation et Coexistence
– Création d’un Institut de la Mémoire et de la Coexistence qui prendra en compte les quatre grandes époques de violence que sont la guerre civile, la dictature franquiste, le terrorisme d’ETA et le contre-terrorisme illicite.
– Plan de Paix et Coexistence qui a permis de réunir les contributions de différents mouvements politiques et sociaux en Pays Basque Sud jusqu’au 20 septembre dernier et qui sera définitivement approuvé en octobre prochain, sa présentation devant les institutions européennes étant prévue pour le dernier trimestre 2013.
INMOBILISME POLITIQUE FACE AUX APPELS DE LA CITOYENNETE : » IL FAUT POURSUIVRE AVEC PATIENCE ET DISCRETION »
Lors d’un entretien radiophonique ce 16 septembre, avec le chroniqueur et journaliste Javier Vizcaíno du programme Onda Vasca, le coordinateur de Lokarri, Paul Ríos, a déclaré qu’il fallait poursuivre les initiatives entreprises et chercher de nouvelles pistes et des alliés positifs prêts à lutter contre le découragement et les freins actuels.
Entretien avec Paul Rios (en espagnol) :
Le Forum des Associations de l’Education des Droits de l’Homme et pour la Paix, dont Gorka RUIZ est le coordinateur, fait partie de ces acteurs précieux.
WEB : http://ddhhypaz.org/
Mon entrevue avec Gorka RUIZ (pour rappel de mon précédent post)
En conclusion, en ce qui me concerne, je pense que là où ont échoué les partis politiques, l’ensemble des citoyens et ceux qui ont décidé de rompre avec les actes violents, de quelque bord qu’ils soient, va obtenir ce qu’il y a de plus essentiel et de déterminant pour un processus de paix durable et authentique: privilégier l’humain face aux intérêts stratégiques, être précurseur d’un nouveau cycle.
(programme GANBARA sur Radio Euskadi: rencontre à Errenteria entre le maire d’Errenteria Julen Mendoza, de Bildu, un conseiller du Parti Populaire au consistoire Txema Herzog, la jeune Naiara Zamarreño, fille du conseiller Manuel Zamarreño assassiné par ETA à Errenteria en 1998 et Imanol Aizkorreta, voisin de la même localié, lié à la gauche abertzale, séquestré y torturé en 1983 par les forces para-policières).
ECOUTER l’émission « Victimes et poseurs de bombes : un dialogue basque » sur Radio France Culture (05.07.2013)
Sans illusion ni ingénuité, sans mensonge ni négativisme.
Faire face au passé, mais laisser une porte ouverte au dialogue et construire des ponts pour l’avenir.